Cerise Doucède | DÉCLIC PHOTO
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DÉCLIC PHOTO

Mise en page 1

Projections privées
Une brève incursion dans un autre espace temps, c’est le voyage photographique que nous propose Cerise Doucède, avec sa série «Égarements » . Une jeune femme pleine de promesses, qui vient de recevoir le prix HSBC.

// chronique de // NATHALIE DEGARDIN / /

Des portraits empreints de douceur et d’étrangeté. Cerise Doucède projette ses propres visions dans ses images : cet instant où l’esprit décolle, où l’imagination s’envole vers un entre-deux éphémère. Cet instant où l’on frôle la réalité pour mieux se perdre dans un virtuel rêvé ou fantasmé. Entre poésie et mystère suivant les sujets, elle construit une mise en scène savamment étudiée qui sublime ce basculement. Dans sa série intitulée « Égarements », selon les images, chacun trouvera un écho à ses propres souvenirs, une correspondance avec une situation ou une personne connue. Et c’est cette dimension universelle qui leur donne leur intérêt, leur cohérence. Dans une époque où tout peut s’effacer en post production comme par enchantement, elle appuie sa théâtralisation du monde en assumant parfaitement les fils apparents qui trahissent le montage de l’installation. Tout, entièrement tout, est donné à l’objectif. Comme avec un théâtre de marionnette, l’histoire fonctionne, ce n’est pas l’illusion qui compte, c’est cette observation de « l’égarement », ces mondes que l’on s’invente par passion ou par digression, par refuge… tel l’enfant émerveillé qui s’invente un monde de douceur dans sa chambre, le collectionneur qui s’immerge dans son monde automobile. Et puis il y a ces entre-deux au ton plus grave, cette grand-mère au regard perdu dans ses pommes, soudainement absente, retirée du monde présent pour un bref temps, comme ces alertes progressives annonciatrices d’Alzheimer. Ou encore ce cadre qui perd son dynamisme, assis dans son salon austère, envahi de volumes gris qui nous font penser à une construction à la Georges Rousse et qui pourraient aussi bien refléter la solitude qu’un quotidien phagocyté par le travail, et l’entreprise, dans sa vie ultraconnecté aux réseaux du monde mais finalement si austère. Si on n’accroche pas nécessairement de la même façon à toutes les images de la série, force est de leur reconnaître une certaine cohérence. On retrouve d’ailleurs cette fascination pour l’obsession dans sa précédente série « Les Attachés » où elle théâtralisait dans ses portraits les peurs de chacun. Ainsi, à 26 ans, elle a construit un univers photographique griffé d’une «marque de fabrique » bien à elle.

Lauréates du Prix HSBC 2013 :
Cerise Doucède («Égarements») www.cerisedoucede.fr
et Noémie Goudal (« Haven Her Body Was » et « Les Amants »)
www.noemiegoudal.com
Les deux lauréates publieront une monographie chez Actes Sud, et
bénéficieront d’une exposition itinérante. Première étape : du 17 mai au
16 juin, à la Galerie Seine 51, 51, rue de Seine, 75006 Paris.

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